C’est une très bonne question, pour laquelle je doute qu’il n’y ait qu’une seule réponse. Car le métier de pasteur n’est pas aussi réglementé que celui de médecin, d’ingénieur ou d’éducateur spécialisé. Mais alors, comment le lecteur que vous êtes, par exemple, pourrait devenir pasteur ? De quoi une personne a-t-elle besoin pour ce ministère ? Je distingue deux éléments : la vocation et la formation.

 LA VOCATION 

Être appelé au ministère pastoral est essentiel pour devenir pasteur.

Notre Père nous a fait des dons afin que nous participions, tous ensemble, à la venue de son Royaume sur terre. A-t-il mis sur ton cœur l’enseignement de sa parole ? Ou le désir de voir des personnes grandir dans leur connaissance du Christ ? Ou le rêve de voir le monde reconnaître que Jésus est sauveur et Seigneur¹ ? Nous sommes tous appelés à entrer au service de Dieu. Nous avons tous un ministère².

Parmi ces ministères, il y en a qui sont particuliers, tels que le ministère pastoral. Non pas que les pasteurs soient supérieurs ou plus saints, mais simplement parce que ce ministère demande une consécration particulière, qui implique des responsabilités particulières. Il me semble que l’appel au ministère pastoral se fait par un double discernement : une conviction personnelle, et une reconnaissance de la communauté et de l’union d’Églises³. Cela implique une responsabilité personnelle et collective : nous devons chacun nous demander si Dieu nous appelle à un tel ministère, et nous devons tous rester en veille pour discerner ce potentiel au sein de nos communautés.

Notons cependant que nous n’avons pas tous la même histoire. Dieu est capable d’appeler des hommes et des femmes avec une créativité merveilleuse. Certains ont cette conviction personnelle dès l’enfance, d’autres en sortant des études, ou encore après des années de travail dans le séculier, et certains même, pendant leurs premières années de ministère… Il n’y a pas de protocole avec Dieu. Son agenda n’est pas le nôtre !

Lorsque j’ai fait mes études dans cette dernière école, le programme était composé de deux premières années permettant à l’étudiant de découvrir l’univers de la théologie⁵ : langues bibliques, Nouveau et Ancien Testament, dogmatique, histoire de l’Église, théologie pratique, missiologie… Puis, les deux années suivantes étaient un approfondissement par des séminaires. À ce moment-là, j’avais choisi un parcours d’exégèse dans lequel les langues bibliques et l’étude du texte étaient plus poussées. Enfin, la dernière année est composée d’un stage pastoral de dix mois, de la rédaction d’un mémoire de fin d’études, et des sessions de formation à l’école pastorale. Je pense que cette dernière année est une occasion de confirmer (ou non) l’appel pastoral.

Est-ce que les études de théologie font des pasteurs ? Je ne pense pas. Elles forment une base, mais elles ne font pas tout. C’est pourquoi nous sommes encouragés à poursuivre par de la formation continue durant le ministère pastoral (notamment pour la connaissance de l’être humain) : accompagnement spirituel, leadership, management (pour la gestion des conflits, la conduite du changement, le travail d’équipe), veille théologique…

Aucune union d’Églises en France ne se plaint d’avoir trop de pasteurs, ou trop d’Églises. Pourtant, la moisson est si grande. En réalité, c’est le nombre d’ouvriers qui est insuffisant. Alors, prions ensemble le maître de la moisson pour qu’il fasse lever des ouvriers (Luc 10.2) !